Préambule : cette page est consacrée au principe du viager et à ses grandes généralités. Les éléments précis comme les règles du viager, le viager occupé, le viager libre, la fiscalité du viager, etc … sont accessibles par le menu de gauche.
Quand on évoque le viager on a toujours une pensée inconsciente pour le film de Pierre Tchernia, avec Michel Serrault et Michel Galabru.
Il a fait l’objet de nombreuses rediffusions télé dans les années 80 et a laissé du viager l’image d’une pratique quelque peu fantaisiste et surtout fort périlleuse, autant pour le bénéficiaire du viager que pour son acquéreur …
Et quand quelqu’un évoquer le fait d’acheter une maison en viager, il y a toujours une personne de l’assistance pour parler du film. Or la vente en viager est une pratique sérieuse et réglementée, intéressante pour les deux parties. La crise de l’immobilier, le niveaux des prix élevés et le coût du crédit en font un produit attractif, que l’on redécouvre.
Le principe du viager
Le viager est la rencontre de deux intérêts. Celui du vendeur d’un bien immobilier et celui de l’acheteur de ce bien.
- Le vendeur est une personne âgée qui souhaite améliorer sa condition de vie au quotidien.
- L’acheteur est une personne souhaitant investir. Soit en placement financier pur, soit pour préparer son futur immobilier personnel (résidence secondaire, logement au soleil pour la retraite …).
La vente en viager se réalise de la façon suivante : le vendeur verse une rente, mensuelle ou trimestrielle, au vendeur jusqu’à la mort de celui-ci.
Cette vente en viager peut se décliner de deux façons :
Une rente avec bouquet : le bouquet est une somme que l’acheteur va verser au vendeur à la signature du viager. Une sorte de ticket d’entrée. Puis l’acheteur versera ensuite régulièrement sa rente au vendeur.
Un rente sans bouquet : il n’y a pas de bouquet d’entrée et l’acheteur ne verse que la partie rente.
Mais alors nous direz vous, autant fuir les rentes avec bouquet ?
Les choses ne sont pas aussi simples !
Exemple de calcul de viager
En fait que ce soit viager avec ou sans bouquet, vous paierez au final la même chose.
En effet, comme nous l’avons souligné plus haut, l’achat en viager n’est pas une formule approximative. Il est réglementé et organisé, encadré par des standards de calcul du viager.
En l’occurrence, il est fixé un prix de vente dès le départ pour le bien immobilier.
Puis le prix de ce bien est divisé par un coefficient diviseur qui permet de déterminer la rente annuelle à verser.
Le coefficient diviseur est déterminé en fonction de tableaux d’espérances de vie tels ceux utilisés par les assureurs ou l’Insee qui permettent de savoir qu’à 80 ans, un homme a une espérance de vie supplémentaire d’un peu moins de 7 ans par exemple. Les calculs seront établis avec ces chiffres statistiques moyens.
Si vous versez un bouquet, le prix de ce bouquet sera défalqué du prix du bien et le calcul de la rente se fera sur cette base.
Ce type d’explication théorique sur le viager est toujours un peu flou. Prenons un exemple concret :
- Mr Acheteur achète à Mr Vendeur un bien en viager. La valeur du bien est de 150 000 €.
- Mr Vendeur est un homme de 80 ans.
- Le coefficient diviseur correspondant à son âge est de 6,723.
- La rente annuelle correspondra dont à 150 000 / 6,723 : 22 311 €/an soit 1 859 €/ mois.
En fait ce sera beaucoup moins car il faut également tenir compte du fait que Mr Vendeur occupant le bien, c’est un peu comme s’il était locataire, sauf qu’il ne paye pas de loyer et que cela est donc un avantage qui doit être retiré du prix de vente. Ce qui permet de réaliser une décôte importante sur le prix du bien.
Incluons donc cette décote dans le calcul de la rente :
Les loyers moyens dans le quartier de Mr Vendeur pour un bien comparable sont de 500 €/mois.
Le calcul est le suivant :
150 000 – (500€ x 12 mois X 7 ans)= 108 000 €
Ce chiffre est donc la base de calcul de la rente. Ce qui donne : 108 000/6,723 = 16065 € soit 1339 €/mois.
Si Mr Vendeur veut avoir un bouquet, vous le déduirez également du prix de base du viager, ce qui donnera pour un bouquet de 30 000 € :
150 000 -30 000 – (500€ x 12 mois X 7 ans)= 78 000 € . Soit une rente de annuelle de 78 000/6,723 = 11602 € soit 967 €/mois.
Vous le voyez les choses sont bien organisées et ce avec ou sans bouquet. Vous paierez la même chose au final (soit 108 000 €)
Par contre si votre vendeur décède au bout d’un an et que vous aviez opté pour le viager avec bouquet, alors vous aurez perdu votre bouquet.
Autre précision qui a son importance : si votre vendeur dépasse la moyenne d’espérance de vie moyenne et poursuit sa vie bon pied bon œil, vous devrez continuer à lui payer sa rente viagère … Et là l’opération ne sera plus intéressante du tout.
Pour information c’est arrivé à un malchanceux qui avait eu l’infortune d’acheter sa maison en viager à Jeanne Calment. Pour les plus jeunes d’entre nous, Jeanne Calment était une mamie française qui fut également doyenne de l’humanité puisqu’elle avait 122 ans quand elle s’éteignit en 1997.
Notre homme (un notaire !) avait contracté le viager alors qu’elle avait 90 ans. Résultat: il est mort avant elle et Jeanne étant toujours en vie, ce sont les enfants du notaire qui ont du continuer à payer la rente !
Le viager, un vieux concept à la mode
L’origine du mot viager est ancienne et vient du vieux français « viaje’, qui signifie « temps de vie ».
C’est un contrat très ancien qui était bien plus populaire qu’aujourd’hui. Souvenons nous qu’aux époques où il n’y avait pas un système de retraite développé comme le notre, le viager était un excellent moyen de s’assurer une retraite.
Gageons que l’abaissement actuel des retraites sera un facteur de renouveau, que l’on constate déjà, du viager. Peut-être pas pour se constituer une retraite mais plutôt pour s’assurer une retraite complémentaire.
Un autre facteur de renouveau du viager sera sans doute la difficulté d’obtenir du crédit auprès des banques. Le viager, en permettant de contourner cet obstacle, peut autoriser certains à l’accession à la propriété. Et l’achat de la maison en viager deviendra peut être une pratique courante.
Pour la petite histoire, le contrat de rente viagère fait partie des contrats « aléatoires » ( cf. l’article 1964 du code civil) , ce qui le classe dans la même catégorie que le contrat d’assurance mais aussi le jeu et le pari …
C’est ce que l’on appelle également en d’autres termes « l’aléa », l’aléa étant le fait que l’on ne sache pas quand se terminera le versement de la rente car l’on ne connait pas à l’avance la date de décès du vendeur.
Si par exemple vous connaissez le médecin du vendeur et que celui-ci vous dit avant la signature du viager « C’est bon mon coco, tu peux y aller, dans 3 mois il mangera les pissenlits par la racine » alors il n’y a plus d’aléa et la vente est faussée (et vous aurez donc des problèmes avec la justice).
Le viager, une retraite complémentaire
Acheteurs, lisez ce paragraphe qui vous permettra de mieux comprendre les motivations des vendeurs et ainsi de pouvoir mieux négocier avec eux.
Nous l’avons évoqué plus haut, le viager va de plus en plus être envisagé en produit de retraite complémentaire. La population française âgée de plus de 60 ans représente 20 % des français et le niveau des retraites stagne alors que les prix augmentent. Le viager apparait alors comme un moyen de s’assurer des revenus financiers d’un bon niveau tout en continuant à vivre dans son cadre de vie, sans changer ses habitudes.
C’est important et c’est là le point fort du viager qui fait que nombre de personnes âgées vendent en viager plutôt que de vendre de façon classique. En effet, dans le cadre d’une vente classique , il faut racheter un autre logement derrière. Et même s’il est plus petit, le gain n’est alors pas énorme.
Dans quel cadre se signe un viager ?
Le viager se fait dans le cadre d’un acte notarié
Quel âge pour contracter un viager ?
En général les acheteurs préfèrent des personnes bien âgées car elles ont toujours la peur que cela dure trop longtemps avec une personne trop « jeune ». Même si il n’y a pas de limite légale imposée par la loi, la vente en viager trouve facilement preneur quand les vendeurs ont autour de 70 ans.
Malgré tout un vendeur jeune ne doit pas non plus vous effrayer puisque le prix est fixé à l’avance et réparti sur une durée donnée comme nous l’avons vu plus haut. Cela vous permet aussi de payer un montant de rente mensuelle, ou trimestrielle, très bas.
Les différents types de viager
Il y a 3 types de viagers : le viager occupé, le viager libre et la vente à terme
Le viager occupé
Le viager occupé : le grand classique du viager
On parle de viager occupé lorsque la personne qui vend son bien en viager continue d’y habiter et ce jusqu’à sa mort.
Le viager occupé est la formule de viager la plus courante puisqu’elle représente 98% des viagers contractés.
On peut se demander pourquoi c’est la plus courante alors que la demande des acheteurs est plutôt orientée sur le viager libre, qui leur permettrait d’habiter le bien immédiatement. Tout simplement parce que la formule la plus populaire chez les vendeurs est le viager occupé. En effet, le principe même et l’intérêt majeur du viager est de permettre d’avoir un revenu complémentaire tout en continuant d’habiter son bien. Dans ce cadre il est bien normal que les vendeurs choisissent majoritairement cette formule.
Faisons une parenthèse pour dire qu’acheter en viager c’est également aider un ancien à finir ses vieux jours en toute tranquillité et dans la dignité.
Intérêt du viager occupé pour l’acquéreur
L’image d’Epinal du viager est que le gros intérêt du viager occupé pour l’acheteur est que le vendeur décède rapidement. Ce qui permettrait de s’offrir un bien à un prix dérisoire.
Bien sur ce genre de choses arrivent mais il vaut mieux ne pas compter dessus car c’est quand même la loterie, d’autant plus que l’évènement contraire peut aussi se produire (le vendeur qui continue à vivre jusqu’à des âges canoniques).
L’intérêt est autre part. On devrait parler d’intérêts car il y en a deux fondamentaux :
La décote du bien lors d’un viager occupé
Le viager occupé permet de réaliser une décote importante sur le prix du bien.
En effet, lors d’un achat en viager occupé, vous n’avez pas la jouissance de votre bien pendant un certain nombre d’années. Si vous achetez à 40 ans et que vous ne pouvez occuper votre bien qu’à 55 ans, on peut considérer qu’une partie de la jouissance du bien vous aura échappé.
Le fait que le vendeur puisse continuer à habiter la maison ou l’appartement jusqu’à son décès est également pour lui un avantage.
De ce fait, le prix du bien va subir une décote dite « abattement d’occupation ».
Il y a deux façons de la calculer :
- Soit on applique un taux forfaitaire du style – 50% à 70 ans et -40% à 80 ans.
- Soit on fait un calcul en fonction des prix des loyers du voisinage et on défalque le montant de location sur la durée théorique restant à vivre du vendeur.
Exemple :
- Mr Martin vend son bien en viager occupé. Il a 80 ans et son bien vaut 200 000 €. Selon les tables statistiques, à cet âge la moyenne de vie supplémentaire est de 7 ans.
- Le loyer moyen constaté de voisinage pour un bien similaire est de 1000€/mois.
- La somme à défalquer sera donc de 1000 € x 12 mois X 7ans = 84 000 €.
- Soit une valeur décotée de 116 000 €.
- On observera que la première méthode de calcul donne peu ou prou le même résultat : 200 000 € – 40% = 120 000 €.
Ce qui est logique puisque ces taux d’abattement ont été calculés en fonction des taux de rapports locatifs classiques et des statistiques d’espérances de vie.
La première méthode est pratique pour faire une estimation rapide mais on préfèrera malgré tout, pour la décote définitive et officielle, la seconde méthode qui a l’avantage de la précision et de la sécurité. En effet, il existe des disparités de loyers et de rapports selon les régions. La seconde méthode vous évitera donc d’avoir des problèmes avec l’administration fiscale pour « ‘sur-décote ».
Notons que ce système de décote est également intéressant si vous avez de l’argent à placer et que vous désirez faire des plus-values importantes. Vous avez en effet le droit d’acheter en viager sans rente, juste en payant l’intégralité du bien sous forme d’un bouquet. Ce qui vous permet de profiter à plein de la décote.
L’économie de crédit lors d’un viager occupé
Quand on analyse le système du viager occupé, on dénote une ressemblance avec le crédit : vous payez tous les mois une somme pour votre habitation.
La grosse et avantageuse différence c’est que vous n’avez pas de crédit sur le dos et que vous ne payez donc tous les mois que le capital.
C’est un aspect peu souligné du viager occupé mais qui, à nos yeux, est essentiel. Non seulement vous vous offrez un bien décoté mais en plus vous le financez vous même sans avoir à payer les intérêts d’un crédit.
Ce système de viager est à ce point avantageux qu’il est appelé « crédit viager ».
Précision : les bouquets sont en général des sommes peu importantes mais on peut avoir besoin d’un crédit pour le financer. Cela n’est pas simple, mais possible (voir un peu plus bas)
Les conditions du contrat de viager occupé
- Avec le viager occupé, l’acquéreur devient propriétaire du bien le jour de la signature de l’acte authentique.
- Cela a pour conséquence qu’il sera débiteur de certaines charges tels que l’impôt foncier, la quote-part de l’assurance de son immeuble, de la quote-part du salaire du syndic, des travaux votés en assemblée des copropriétaires.
- La taxe d’habitation et les charges locatives restent à la charge du vendeur.
- L’acheteur peut s’il le désire revendre son bien quand il le veut. Il restera cependant responsable des arrérages(les loyers de la rente) dans ce sens où si le nouveau propriétaire ne paie pas la rente, il redeviendra propriétaire. Et pourra soit conserver le bien soit le revendre à nouveau. Ce qui sera bien sur une très bonne affaire si le second propriétaire avait payé la rente pendant une longue durée.
- Il est à noter que les arrérages ne peuvent être réclamés par le vendeur après une période de 5 ans.
- La rente viagère est également indexée sur la date anniversaire chaque année et cela est obligatoire. Il est utilisé assez classiquement l’indice Insee des prix à la consommation.
- Le bien fait l’objet d’une hypothèque de premier rang afin de garantir le paiement des ventes. Cela rend difficile l’obtention d’un crédit car l’hypothèque est déjà prise mais si vous avez une résidence secondaire vous pouvez mettre l’hypothèque dessus. Vous pouvez aussi utiliser un pel ou un prêt personnel.
- Le vendeur a le droit d’usage et d’habitation du bien jusqu’à son décès. S’il désire ne plus habiter son bien, la rente sera alors majorée selon un barème dégressif car l’abattement du à l’occupation du bien n’aurait plus lieu d’être.
- La vente en viager pourra être annulée si dans les 20 jours qui suivent la signature du viager le vendeur meurt d’une maladie qu’il avait déjà au moment de l’acte.
Qui paie les frais de notaire dans le cas du viager occupé ?
Les frais de notaire, les droits d’enregistrement, les frais d’inscription hypothécaire sont payables par l’acheteur.
Si le viager occupé a été fait par le biais d’une agence, les frais d’agence sont repartis selon accord entre acheteur et acquéreur ( pas de règles précises).
Les avantages fiscaux du viager occupé, pour le vendeur
Le législateur dans sa sagesse a dû se dire que les personnes âgées qui ont recours au viager occupé ont de petits moyens à la base et que la rente du viager leur servirait surtout à finir leur vie dignement.
Et qu’en conséquence, les revenus de la rente de devraient pas être trop lourdement imposées.
Voici les taux d’abattement fiscal du viager :
- En dessous de 69 ans : abattement de 60 %
- A partir de 69 ans : abattement de 70 %
- Abattement de 100% pour les rentes certaines (les rentes certaines sont des viagers dont le nombre d’années de paiement sont déterminées à l’avance lors de la signature du viager)v
Le viager libre
Le viager libre est une formule de viager rare
Le viager libre représente 2% de ces ventes, soit une proportion très faible, environ une centaine de maisons vendues.
Et pourtant la demande est forte, le viager libre représente en effet la situation idéale : vous achetez en viager et vous pouvez habiter tout de suite votre habitation.
Alors pourquoi y a t’il si peu de viagers libres sur le marché ? Parce qu’il y a peu de vendeurs intéressés, pour la bonne raison que lorsqu’une personne âgée contracte un viager, c’est pour améliorer son quotidien tout en restant dans sa maison et le viager libre ne permet pas cela.
Les biens qui sont donc mis en vente en viager libre sont surtout des biens qui ne sont pas la résidence principale du vendeur, donc de petites surfaces comme des studios ou de petits deux pièces qui étaient à la location et que la personne âgée met en viager libre car c’est fiscalement plus intéressant pour elle.
L’autre frein est la succession. Beaucoup de personnes âgées ont leur résidence principale et un studio à coté qu’ils louent. La plupart préfèrent le laisser à la location, même si c’est fiscalement moins intéressant, car à leur mort les enfants hériteront du bien.
Sans parler des personnes âgées qui sortent leur studio du marché locatif pour le prêter ou le louer à bas prix à leurs petits enfants.
Malgré tout une bonne affaire est toujours possible !
Avantages et inconvénients du viager libre Avantages du viager libre :
- Dans le viager libre, l’acheteur peut habiter immédiatement son bien
- S’il ne l’habite pas il peut le louer
- Dans le viager libre, l’acheteur n’a pas recours au crédit et économise ainsi les importants intérêts des emprunts immobiliers.
- Pour le vendeur : abattement fiscal sur la rente (ce qui est plus attractif que des revenus locatifs). C’est aussi la tranquillité par rapport à une location : plus besoin de rechercher des locataires, de courir après les loyers, etc …
- Toujours pour le vendeur : il ne paie plus l’impôt foncier, la taxe d’habitation, les charges de copropriété ainsi que les travaux d’immeuble.
Inconvénients du viager libre
Le viager libre n’est pas aussi intéressant financièrement pour l’acheteur que le viager occupé, en effet le vendeur n’occupant pas le bien,vous ne pouvez soustraire au prix de vente les loyers virtuels d’occupation (qui rappelons le peuvent aboutir à une décote fort avantageuse à l’achat de 40% du bien). Vous paierez donc le bien à 100% de sa valeur.
Alors le viager libre, ça vaut le coup/coût ?
Rappelons que le viager libre n’ayant pas de décote due à l’abattement d’habitation, il n’a pas le caractère financier attractif du viager occupé.
Il est donc valable dans deux cas :
- Vous recherchez une maison/appartement pour votre usage mais vous avez du mal à obtenir un crédit. Vous avez cependant un capital de départ pour investir dans un bouquet. Alors le viager libre est une formule intéressante puisqu’elle ne nécessite pas l’utilisation du crédit.
Attention : les mensualités seront en général élevées et gardez toujours à l’esprit qu’il y a l’aléa dû à la date de décès du vendeur.
- Vous êtes investisseur et vous ne voulez pas non plus supporter le poids du crédit, le viager libre représente dans ce cas une belle opportunité. Et même si le vendeur dépasse l’espérance de vie moyenne vous ne serez pas perdant puisque vous aurez placé un locataire.
Le calcul du viager
Quand on parle de faire soi-même le calcul de son viager il s’agit en fait de faire une approximation, une simulation, aussi précise que possible de la rente du viager.
Contrairement à une idée reçue, le viager n’est pas un jeu de chance. Enfin, un petit peu quand même en ce qui concerne la date de décès du rentier, mais en ce qui concerne le calcul de la rente, les choses sont carrées.
En effet, certains pensent que mettre en place un viager consiste à dire « Bon, je donne tant par mois à papy pour qu’il puisse vivre décemment et assurer ses besoins au quotidien et si j’ai un peu de chance, il décèdera prématurément et je toucherai le gros lot. »
Même si ce qui est dit à la fin de cette phrase peut se produire, le début est totalement faux car la rente mensuelle correspondra à la résultante d’un calcul précis, basé sur : la valeur du bien, l’occupation du bien par papy et de son espérance de vie.
Plusieurs thèmes vont être abordés sur cette page, le bouquet, l’espérance de vie, l’abattement d’occupation et la rente.
Le calcul du viager, la simulation du viager
Le principe de calcul du viager est le suivant :
Tout d’abord, une estimation du bien est réalisée. Il en ressortira un capital qui sera la base de tous nos calculs.
Pour résumer de façon très simple le calcul de base qui permet d’obtenir la rente mensuelle à verser : le capital obtenu sera divisé par le nombre de mois prévisionnels restant à vivre du rentier
Une estimation de l’espérance de vie du papy est conjointement réalisée. Il existe des tables d’espérances de vie, créées par les assureurs d’après leurs sources statistiques. Un assureur sera capable de vous dire d’après ses statistique passées que sur toutes les personnes qui sont nées une certaine année, 120 000 atteindront l’age de 65 ans et 60 000 l’âge de 80 ans, par exemple.
A partir de ces tables ont été crées d’autres tables qui vous disent que si vous avez 80 ans, votre espérance de vie moyenne future sera d’aller jusqu’à 87 ans. Pour chaque âge correspondra alors un coefficient diviseur qui permettra de connaitre le montant de la rente. On divise en fait le capital par le coefficient diviseur, ce qui donne le montant de la rente annuelle.
Passons à la pratique ! :
- Mr Dupont achète à Mr Rentier sa maison en viager. La valeur du bien de Mr Rentier est de 150 000 €.
- Mr Rentier est un homme de 80 ans. Il lui reste environ 7 ans à vivre.
- Le coefficient diviseur correspondant à son âge est de 6,723.
- La rente annuelle correspondra dont à 150 000 / 6,723 : 22 311 €/an soit 1 859 €/ mois.
Le tableau des coefficient diviseur est ici : coefficients diviseurs pour le calcul de la rente viagère
Voilà pour le calcul de base.
Mais si vous achetez en viager occupé, vous savez que papy restera dans la maison pour y vivre.
De fait, il sera dans la situation d’un locataire, sans payer de loyer, et de votre coté vous n’aurez pas la jouissance de votre bien, c’est donc en quelque sorte, et pour simplifier, une sorte de manque à gagner pour vous.
Le montant du bien va donc subir une décote appelée « abattement d’occupation ».
Cette décote peut être calculée de deux manières :
Soit on prend la méthode de certains professionnels qui appliquent un taux forfaitaire du genre – 50% à 70 ans et -40% à 80 ans.
Soit on procède à un calcul en fonction des prix des loyers du quartier, de la ville ou des environs et on retire le montant de la location sur la durée théorique restant à vivre du vendeur.
Les deux méthodes reviennent globalement au même.
Exemple :
- Mr Rentier vend sa maison en viager occupé. Il a 80 ans et sa maison vaut 200 000 €.
- Les tables statistiques nous indiquent qu’à cet âge la moyenne de vie supplémentaire est de 7 ans.
- Le loyer moyen constaté dans sa région pour une maison similaire est de 1000€/mois.
- La somme à retirer sera donc de 1000 € x 12 mois X 7ans = 84 000 €.
- Ce qui donnera une valeur décotée de 116 000 €.
- On notera que la première méthode de calcul donne à peu près le même résultat : 200 000 € – 40% = 120 000 €.
- Ce qui est fort logique en soi car le calcul de ces taux d’abattement a été fait en fonction des taux de rapports locatifs classiques et des statistiques d’espérances de vie.
- La première méthode est utile pour réaliser une estimation rapide mais on préfèrera cependant, pour la décote définitive et officielle, la seconde manière qui a le gros avantage de la précision et de la sécurité. En effet, selon les régions il existe des disparités de loyers et de rapports.
- La seconde méthode vous permettra donc de ne pas avoir de problèmes avec l’administration fiscale pour « ‘sur-décote ».
Nous venons donc de voir la base du calcul de la rente du viager. Mais d’autres paramètres rentrent en jeu :
Le bouquet pour le calcul du viager
Vous vous en doutez, il ne s’agit pas du bouquet de fleurs que vous irez déposer sur la tombe de Mr Rentier à son enterrement.
Le bouquet est une somme d’argent que l’acheteur va verser à Mr Rentier lors de la signature du viager. Un ticket d’entrée en quelque sorte. L’acheteur versera ensuite régulièrement sa rente au vendeur.
Cela signifie que le montant du bouquet doit être défalqué du montant précédemment calculé.
Exemple de calcul en y incluant un bouquet de 30 000 € :
- Mr Rentier vend sa maison de 150 000 €, il a 80 ans et son coefficient diviseur est de 6,723, le loyer moyen constaté dans sa région est de 500 €/mois.
- 150 000 – 30 000 € de bouquet – (500€ de loyer x 12 mois X 7 ans)= 78 000 € . Soit une rente de annuelle de 78 000/6,723 = 11602 soit 967 €/mois.
Conclusion sur le calcul du viager
On le voit, de nombreux facteurs entrent en ligne de compte pour le calcul du viager.
Que vous soyez vendeur ou acheteur, nous ne saurions que trop vous recommander pour l’estimation du bien et l’estimation des loyers environnants d’avoir recours à un professionnel, agence ou notaire.